L’origine et l’histoire du village

Un document de 1196 relate le procès concernant les dîmes entre Saint-Martin-des-Champs et Saint-Martin de Pontoise d’une part et les chanoines de Saint-Denis-du-Pas à Paris, d’autre part. Ce document explique que l’actuelle église du Plessis-Gassot fut jadis une chapelle de Fontenay-en-France et que maintenant c’est l’église mère – c’est-à-dire qu’elle est devenue l’église du territoire du Plessis-Gassot. Démembrée de Fontenay, elle est devenue une commune à part entière. Contrairement à ce que l’abbé Lebeuf pensait. Il voyait plutôt la cession d’une parcelle du Mesnil-Aubry ou de Bouqueval pour constituer le village. Mais aucune source, comme il en convient, n’étaie sa proposition. Le Plessis-Gassot fait partie aux XIIIe-XIVe siècles du domaine royal. Philippe V le Long, vers 1320, en fait présent à Simon de Mauregard puis à son fils Thibaud. En 1333, la seigneurie est entre les mains de Philippe de Trie, seigneur de Fontenay et de Mareil. Philippe de Trie la vend à Gilles Malet, seigneur de Fontenay et Villepêche. Gilles d’Azincourt en jouit en 1442. La seigneurie passe en diverses mains et, en 1460, Arnould Boucher, puis Étienne Boucher la détiennent. Puis, ce domaine passe par succession en 1492, à Antoine Robert, l’un des quatre notaires et secrétaires de François Ier. Le 15 juillet 1521, conjointement avec son épouse Marguerite Boucher d’Orsay, il lègue la seigneurie aux Guillemites de Paris, couvent de Saint-Guillaume puis des Blancs-Manteaux. Le couple demande pour cela une messe perpétuelle avec le salut Ave verum. Ces Guillemites, appelés par la suite Blancs-Manteaux, appartiennent à un ordre mendiant. Antoine Robert aurait légué sa seigneurie de 650 arpents afin qu’ils n’aient plus à mendier. Les Blancs-Manteaux comparaissent comme seigneurs à la Coutume de Paris en 1580. Ces religieux n’habitent pas le village et afferment leurs biens depuis leur couvent à un laboureur. Ce dernier devient laboureur-receveur pour les Blancs-Manteaux. Il est chargé de recevoir et de percevoir les redevances, les prestations en nature et en argent à leur place et de les porter en leur couvent de Paris. Il est leur représentant, petit chef de village. Une dynastie se forme, on devient laboureur-receveur des religieux de père en fils. Ils ont pour nom : Chartier. À la Révolution, ils achètent comme biens nationaux les bâtiments et les terres confisqués aux religieux. Cette famille reste à la tête du village jusqu’en 1940 avec Fernand Chartier, maire, révoqué par Vichy. Cette famille n’exercera plus aucune fonction municipale.

blancs-manteaux-le-plessis-gassot

Les Blancs-Manteaux, hauts justiciers, rendent la justice en leur ferme de Sautour où ils disposent d’une salle à cet effet. Le fief de Billy comporte aussi une ferme. Ils ne repartent jamais de leur seigneurie s’en emporter pommes, poires, chapons et légumes. En 1768, les multiples conflits avec les seigneurs de Bouqueval poussent les Blancs-Manteaux à abandonner leur titre de seigneur pour échanger Le Plessis-Gassot avec le prince de Condé, seigneur d’Écouen et qui cherche à étendre sa juridiction. En échange, il promet une terre d’un revenu de 600 livres par an. Affaire qui doit se réaliser dans les dix ans. Louis XV donne son accord, Condé est libre de mener toute transaction. Las ! Son Altesse Sérénissime le prince de Condé tarde à fournir les terres promises. Elle s’acquitte cependant régulièrement de la rente et des devoirs féodaux, mais les religieux s’inquiètent et entament un procès. Ils chicanent et tergiversent tant que la Révolution met un point final à la procédure. Les Ursulines détiennent deux petites fermes à l’entrée du village. Les Potier deviendront par alliance seigneurs du Plessis-Gassot.

Lexique

Église fondée vers 1059 par Henri Ier, et placée sous le vocable de Saint Martin. Elle fut desservie par un collège de chanoines séculiers et devint prieuré en tant que fille de Cluny. C’est aujourd’hui le Conservatoire des arts et métiers.

Du XIIe siècle, église proche de Notre-Dame qui avait quelques dîmes au Plessis-Gassot.

Saint-Martin de Pontoise : abbaye fondée vers 1069 avec saint Gautier à sa tête.

Érudit, on lui doit l’Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris. Compilation énorme, mais il ne put pas tout étudier par lui-même d’où quelques imprécisions ou erreurs qu’il aurait certainement relevées. D’ailleurs une publication, Lettre à l’auteur de l’histoire du diocèse de Paris contenant quelques remarques sur le chapitre ayant pour titre : Luzarches & l’abbaye d’Hérivaux [par M. Le Flamand de la Jalousierre], éditée à Genève en 1768, ne lui en veut pas d’avoir dit fort peu de choses de notre petite vallée de Luzarches… mais après avoir entrepris d’en rendre l’histoire publique, … que pour débiter presque autant de mots que d’erreurs … Non ! Il lui reproche d’avoir profité de sa notoriété pour publier des erreurs.

Seigneur de Fontenay-en-France, reçut cette terre du roi vers 1320 et Thibaud de Mauregard la donna à Philippe de Trie en 1333.

Chambellan du roi de Navarre vendit cette terre à Gilles Malet. Trie, gros bourg du Vexin français, a donné son nom à une ancienne et illustre maison.

Malet ou Mallet, chevalier, vicomte de Corbeil, maître d’hôtel du roi, seigneur de Villepesche, Soisy-sous-Étiolles, garde de la librairie royale (bibliothécaire) de Charles V. Capitaine du château de Beaumont-sur-Oise. Il est représenté dans l’abbaye de Bonport (Eure) sur un vitrail avec sa femme Nicole de Chambly. En 1392, Philippe de Trie lui vendit les seigneuries de Fontenay et du Plessis-Gassot. (Anselme, Histoire généalogique et chronologique des maréchaux de France. Paris).

Écuyer, jouit de cette terre en 1442. Seigneur de Fontenay-en-France.

Ermite de Saint Guillaume (v. 755 – 812). Un couvent de Guillemites fut érigé à Montrouge dans la première moitié du XIIIe siècle et, par les bienfaits de Saint Louis, d’autres serfs de la Vierge s’installèrent à Paris en 1263, dans un monastère auquel ils communiquèrent leur surnom populaire : Blancs-Manteaux. (Mémoire de la société historique de Pontoise, t. II. Pontoise 1880.)

Religieux mendiants appelé serfs de la Vierge, établis à Marseille en 1257. Ils n’ont rien de commun avec les servites établis en Italie. Le pape Alexandre IV demande à l’évêque Benoît, de Marseille, de leur donner une règle. Celui-ci leur attribue celle de saint Augustin. Connaissant les libéralités de Saint Louis, les Blancs-Manteaux demandent à s’établir à Paris, rue de la Vieille-Parcheminerie qui deviendra la rue des Blancs-Manteaux. Ils furent parmi les nombreux ordres mendiants supprimés auprès le IVe concile de Latran. Les Guillemites de Montrouge en profitent pour revendiquer leur couvent et intègrent les quelques Blancs-Manteaux indécis. n’ayant pas rallié un autre ordre. Ces Guillemites, bien que vêtus de noir, furent appelés Blancs-Manteaux. En 1618, une réforme des ordres les fit incorporer aux Bénédictins de Saint-Maur. (J.A. Dulaure, Nouvelle description de Paris… 1787 ; R.P. Hélyot, Histoire des ordres religieux. Paris 1839.) Leur seigneurie du Plessis-Gassot s’étend sur 313 arpents ou 131 ha.

Famille établie à Belloy dès le XVe siècle. Certains de ses membres vont gravir les échelons de la hiérarchie paysanne pour devenir laboureur, puis receveur des religieux. Ils s’établissent au Plessis-Gassot par mariage. Les Chartier vont occuper les mêmes fonctions auprès des Blancs-Manteaux. À la Révolution, ils rachètent les biens des religieux et se hissent à la tête de la commune en devenant maire. Cette fonction, ils l’occuperont de père en fils jusqu’en 1940.

Il fut le dernier maire de la famille à diriger le village. Comme de très nombreux maires, à l’époque de l’État français, il fut révoqué par le régime de Vichy.

Vers 1370, ce fief appartient à Tassin Delamotte, puis à Philippe de Reuilly et entre dans la famille Boucher à partir de 1460. La ferme de Sautour a un lourd portail qui ouvre sur une cour rectangulaire entourée de longs bâtiments aux arcades régulières. Un énorme pigeonnier surmonte une grange, indiquant le caractère seigneurial de cette ferme. Une porte en arcade donne accès à la basse-cour, à une remise et derrière à la grange dîmière avec sa superbe charpente en chêne.

Ce fief appartint à Marie du Plessis. Il passe à la maison Potier de Blanc-Mesnil. Madeleine Luillier, veuve de Claude Le Roux, seigneur de Sainte-Beuve et parlementaire, offrit en 1606 au couvent des Ursulines deux fermes au Plessis-Gassot avec les terres (133 arpents), d’où l’appellation de ferme des Ursulines. C’est le premier groupe de bâtiments à droite au Plessis en venant de Bouqueval. Leur couvent est installé faubourg Saint-Jacques à Paris. Elles se vouent à l’éducation des jeunes filles.

Ancienne et noble maison d’Île-de-France, sous Charles VII, les Potier sont seigneurs de Blanc-Mesnil. Ils seront comtes puis ducs de Tresmes (en Valois) et de Gesvres (dans le Maine) et pairs de France. André Potier, marquis de Novion, avait épousé Catherine Anne de Malon, fille du seigneur de Bercy. La famille Potier occupera de hautes fonctions auprès du roi, l’un d’eux sera évêque de Beauvais. Ils seront alliés aux grandes familles de France : de Luxembourg, de Bourbon-Condé, de Lorraine et de Savoie. Ils étaient chevaliers et commandeurs de l’ordre du Saint-Esprit institué par Henri III.